Situé aux confins ouest du Parc National du Mago dans la vallée de l’Omo au sud-est de l’Ethiopie, les Mursi sont réputés pour être le peuple guerrier de cette célèbre vallée.
Connus et reconnaissables pour les ornements labiaux et auriculaires que leurs femmes arborent. Les Mursi fascinent par leurs traditions ancestrales encore ancrées dans leur quotidien.
Nous quittons Jinka tôt le matin avec notre hôte à la fois couchsurfing et guide pour le Parc National Mago. On pourrait croire qu’on part à la découverte de la faune et la flore qu’abrite ce parc, et pourtant … C’est pour aller à la rencontre du peuple Mursi.
En effet, les Mursi vivent à la lisière du parc national de Mago, près de la rivière Omo à une cinquantaine de kilomètres de Jinka. Ce sont des bergers semi-nomades qui se déplacent à la recherche de pâturage et d’eau pour leur bétail. Leurs hameaux établis près d’un cours d’eau changent régulièrement d’emplacement en fonction des besoins de leurs bétails mais aussi des attaques de la mouche tsé-tsé, des tiques, et autres dangers potentiels.
Table des matières
Ma rencontre avec le peuple Mursi
Après avoir parcouru près de deux heures une piste serpentant une vaste plaine couverte de savane semi-aride et d’étendues broussailleuses, on arrive en territoire Mursi. On s’arrête au premier village au nom de Maki. Nous découvrons un hameau constitué d’une dizaine de huttes de petite taille (moins de 1,20 m de hauteur). Ces abris rudimentaires sont bâtis autour d’une armature d’acacias couverte de chaume. Nul besoin de préciser que les Mursi dorment dans une absence totale de confort.
Nous sommes reçus par des femmes vêtues d’un pagne en peau de vache ou de chèvre, parées de jolies colliers de perles colorés et de bracelets métalliques qui habillent aussi bien leurs bras que leurs chevilles.
Au premier abord, elles sont froides et distantes. Mais rapidement, elles nous convient sur une peau de vache étendue à même le sol et tentent d’établir un échange. Surement pour nous mettre à l’aise et surtout pour nous inciter à acheter les objets exposés qu’elles façonnent de leurs mains, notamment les plateaux labiaux.
Bien que nous soyons plongés dans un univers à la fois fascinant et mystérieux, je regrette le manque de spontanéité de nos échanges. Tout du moins au début. Des regards craintifs, des sourires figés et un échange de sourds. Difficile donc d’établir un dialogue. Notre guide de Jinka nous a dupés, il ne parlait pas un mot de Mursi !
Heureusement, j’ai rencontré Natuyé, une jeune fille Mursi adorable qui parle Amharique, la langue officielle en Éthiopie et balbutie quelques mots d’anglais. C’est ainsi qu’on a pu établir un contact, alors nos visages se sont détendus et nos rires étaient devenus francs.
Mursi : mystérieuses femmes à plateaux
En échangeant avec les Mursi, on se rend vite compte que leurs critères de beauté sont très loin des codes occidentaux. Ce n’est pas un mythe ! Ici, les femmes portent des ornements labiaux en forme de disques plats en terre cuite appelés « labrets » sur leurs lèvres, d’où leur nom de “femmes à plateaux”.
On apprend que dès l’adolescence, les jeunes filles se font extraire les incisives inférieures. Elles se font ensuite inciser la lèvre inférieure pour y placer une cheville de bois permettant l’insertion d’un labret de plus en plus grand.
Avec le temps et l’habitude, elles augmentent progressivement le diamètre de ces plateaux. Plus la taille du disque d’argile inséré dans la lèvre d’une fille Mursi est grand, plus elle est considérée comme belle. Et plus elle pourra prétendre à une dot conséquente.
En plus d’être un véritable critère de beauté, il induirait fertilité à l’épouse et loyauté à son mari.
Les Mursi portent également toutes sortes de scarifications. Nous avons assisté à celle d’un homme, synonyme de « bravoure » ! Pour l’avoir vu de mes yeux, je peux témoigner qu’il faut faire preuve d’une grande dose de courage. Je te laisse imaginer une lame de rasoir et une fine tige qui viennent littéralement tailler ta peau … ils y introduisent de petits cailloux pour donner du relief. Les femmes n’en sont pas exemptées. Bien au contraire, il s’agit d’une véritable « carte d’identité » pour elles. Les enfants quant à eux attisent l’attention avec d’impressionnantes peintures corporelles.
Duel de cérémonie Thagine
Le duel de la cérémonie thagine, marqueur clé de l’identité Mursi, est un tournoi destiné aux célibataires qui souhaitent se marier. Il s’agit d’un combat rituel qui représente une des étapes de la vie du jeune Mursi qui devient adulte. C’est une épreuve de duel combinant à la fois agilité, force, et précision au cours de laquelle les jeunes Mursi doivent prouver leur virilité pour se montrer dignes de demander la main d’une femme. Les participants s’affrontent, armés de longues perches qu’ils tiennent à deux mains. Celui qui gagne tous les combats est porté en triomphe devant un parterre de jeunes filles que l’une d’elles choisira alors pour époux.
Ce rituel appelé « Donga » se déroule chaque année uniquement à la fin de la saison des pluies (les mois de septembre et octobre). Comme nous étions au mois de mars, nous n’avons pas pu y assister. Mais si toi tu pars à la rencontre du peuple Mursi à cette période, tu auras cette chance. Tu me raconteras einh ?
La rencontre du peuple Mursi, Informations pratiques
Prix :
- Nous avons payé 2000 birrs le Van au départ de Jinka à 06h00 heures du matin pour aller d’abord au parc national de Mago rencontrer les Mursi avant d’arriver à Keyafar vers 14H00.
- L’accès du parc coûte 270 birrs par personne et impose un guide à 300 Birrs par personne. Le parc n’ouvre qu’à partir de 08h00. Il est donc inutile d’y aller avant si tu veux bénéficier d’un guide pour traduire tes échanges avec les femmes Mursi que tu rencontreras. Si tu arrives plus tôt, le guide étant obligatoire, tu payeras même si tu n’en profites pas !
Tips :
- Le choix du guide est indispensable pour faire une rencontre authentique.
- Évite le hameau Maki destiné selon moi aux touristes et enfonce-toi d’avantage à l’intérieur du parc pour rencontrer des Mursi dans leur quotidien. Pas en attente des touristes pour prendre des photos moyennant une somme d’argent ! Alors non, nous n’avons pas pris des portraits photos moyennant une somme d’argent. Nous avons par contre vécu un moment inoubliable avec Natuyé.
- N’oublie pas de prendre avec toi des lames de rasoirs et du savon pour les distribuer. Ils sont très demandés dans ces villages …
Un voyage au cœur de la tribu Mursi, c’est l’opportunité de rencontrer les mystérieuses « femmes à plateaux » et d’ouvrir un peu plus son esprit sur ces différences qui ont façonné l’humanité.
Les Mursi, en tout cas ceux que nous avons croisé, ne sont plus préservées des préoccupations du monde moderne comme on l’entend. Au contraire menacé et malheureusement à l’avenir incertain.
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