Bénéficiant d’une vue imprenable sur la vallée de l’Omo, les Karo marquent leurs traits sociaux avec des ornements sur leurs corps et sont réputés pour être les maîtres de la peinture corporelle.
Nous n’avions pas prévu d’aller à la rencontre des Karo, ce peuple oublié de la vallée de l’Omo. C’est Asu, notre accueillant et dynamique hôte à Turmi (connu grâce à l’application couchsurfing) guide qui nous a suggéré d’aller à leur rencontre. Il argumente que l’ethnie Karo forme un sous-groupe de l’ethnie Banna eux mêmes cousins des Hamer. Tu me suis ? En d’autres termes, les Karo partagent de nombreuses spécificités communes avec les Hamer. Par contre, ils affichent leur singularité avec leurs cheveux courts et leurs peintures corporelles colorées. Difficile de ne pas le croire quand on sait qu’Asu est Hamer.
Il ajoute que le peuple Karo bénéficie d’une vue panoramique incroyable sur la rivière de l’Omo, peut être la plus belle de la vallée. Il n’en fallait pas plus pour céder. Nous avons donc inclus la rencontre des Karo, ce peuple oublié de la vallée de l’Omo durant notre voyage au sud de l’Éthiopie. Et nous avons très bien fait.
En prime, il nous mâche le travail et se propose de nous accompagner en moto avec un ami à lui à un prix raisonnable.
Table des matières
Le peuple Karo
Les Karo sont un peuple de pêcheurs et d’éleveurs vivant principalement dans la basse vallée de l’Omo, au Sud de l’Éthiopie. Pendant des générations, ils sont restés protégés de l’intrusion du monde extérieur par les montagnes et la savane. Aujourd’hui, les Karo, seuls sédentaires à part entière de la vallée de l’Omo, sont peu nombreux. On ne compterait que quelques centaines d’âmes seulement. Ce qui en fait le plus petit groupe ethnique de cette mystérieuse vallée.
Korcho, la perle de la vallée de l’Omo
Situé à moins de deux heures de Turmi, nous prenons la route très tôt pour le village de Korcho. Cheveux aux vents, nous avions la route pour nous seuls et un merveilleux lever de soleil dont je me souviens encore. De nombreux nids de termites de formes stupéfiantes et parfois gigantesques arborent les abords de l’itinéraire emprunté. Des oiseaux colorés et surprenants nous survolent.
Bien qu’enfourcher une moto n’est pas des plus confortables, mon popotin s’en souvient encore, la notion du temps est changée. Le temps s’est comme arrêté devant ces impressionnants paysages qui défilaient.
Ma rencontre avec les Karo
C’est donc émerveillé par ces paysages que nous arrivons à Korcho, un des rares villages de la tribu Karo. Une chose est sûre, la description qu’on m’en a faite de ce village est juste.
Surplombant une colline avec une vue imprenable sur la rivière Omo, Korcho est la perle de cette vallée. À l’entrée du village, on aperçoit des hommes armés. Asu nous explique que c’est pour dissuader les tribus adverses de leur voler leur bétail. Le village est aussi protégé des animaux sauvages et des pillards par des palissades en bois.
Korcho est composé de plus ou moins 50 huttes habitables. Les plus petites servant de réserves à grains.
Après une balade dans ce paisible hameau, nous avons d’abord dévoré un délicieux petit déjeuner avant de partir longer la rivière de l’Omo. On comprend alors très vite qu’elle occupe une place prépondérante dans leur vie. Lieu de pêche mais aussi source d’eau pour se laver et terrain de jeu des enfants.
Nous avons observé des scènes de vie que nous avons eu la chance d’immortaliser en image. Comme la pêche d’un poisson bien dodu. La rencontre de plusieurs femmes pour papoter et se rafraichir. Des enfants s’amusant à se peindre joliment corps et visages, … Sous un ciel bleu azur et une chaleur éreintante, nous avons fini sous une hutte à l’ombre pour éviter l’insolation. Ce fut une matinée riche en rencontre et au dépaysement garanti. Les nombreux échanges que nous avons établis nous ont permis de (mieux) comprendre leur mode de vie. Leurs attentes, leurs craintes et leur attachement aux us et coutumes qui les définissent. Ils sont les fiers gardiens de traditions ancestrales précieuses.
La peinture, marqueur de traits sociaux pour les Karo
Réputés pour être les peintres corporels les plus doués en utilisant différentes peintures végétales. La peinture est un marqueur de traits sociaux pour les Karo. Les hommes s’enduisent le corps de différentes couleurs en réalisant des motifs très originaux. L’absence de miroir rend leurs peintures plus spontanés et surtout plus libres. Et le résultat est d’autant plus surprenant. Les femmes quant à elles se parent de bijoux et ont la lèvre inférieure percée d’une pointe.
Ces ornements qui transforment les visages et les corps en tableaux visent à séduire et à valoriser la jeunesse, la beauté et la virilité.
Je me suis prêtée à ce jeu. Avec des gestes rapides, vifs et spontanés, on m’a peint le visage avec de la poudre de charbon. Et le résultat est pour le moins qu’on puisse dire surprenant, tu ne trouves pas ?
La rencontre du peuple Karo, informations pratiques
- Grâce à Asu, notre hôte à Turmi, nous avons pu louer deux motos avec chauffeurs pour toute une journée à 1200 birrs, essence inclus. Je précise qu’en Éthiopie, il est interdit d’être trois sur une moto ! T’es prévenu.e
- L’accès au village est payant et requiert un guide. Nous avons payé 300 Birrs l’accès et 300 Birrs le guide par personne.
- S’il est crucial pour toi d’immortaliser ces moments vécus. Sache que les rapports financiers nouvellement intégrés rendent moins innocents – aussi bien d’un côté que de l’autre – les premiers liens que tu tisseras. Ainsi, pour chaque photo que tu prendras, il te faudra te délester d’une petite somme correspondant aux droits que tu souhaites exercer. A moins que tu prennes des photos AVEC eux. Ce que je te recommande de faire, non pas pour éviter de payer mais pour les valoriser. Car ils ne sont pas une valeur marchande … A bonne entendeur.
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