C’est au cours d’un récent séjour en Algérie, ma terre natale, que j’ai enfin décidé de visiter les joyaux oubliés de mon beau pays. Mon choix s’est vite porté sur Timgad, une impressionnante ville romaine dont on me parle depuis toute petite. Et, parce que j’ai de la famille dans la région.
Timgad surnommée la Pompéi d’Afrique est une ville romaine vieille de 2000 ans. Elle doit son surnom à son incroyable état de conservation. Avec Pompéi, Timgad est l’une des deux seules villes romaines qui demeurent pratiquement intactes. Alors que Pompéi a été protégée par les cendres du Vésuve, Timgad doit sa conservation au sable du désert.
Table des matières
L’histoire de Timgad
C’est au cœur d’un massif montagneux dans les Aurès, aux portes du Sahara que se trouve Timgad. Construite sur un axe stratégique, permettant de contrôler les principaux passages à travers l’Afrique du Nord, Timgad (Thamugadi, en romain) a été conquise tour à tour par les Vandales, les Maures et les Byzantins. Et les arabes !
Enfouie sous terre durant plusieurs siècles ! Le joyau romain fondé par l’empereur Trajan en l’an 100, est découvert en 1765 par le voyageur écossais James Bruce. Pourtant, il a fallu attendre la fin du XIXe siècle pour que les ruines soient dégagées. C’est d’ailleurs les services français qui y entreprennent des fouilles dès 1880.
La visite de Timgad : Ses incontournables à ne pas manquer !
À Timgad, presque 2000 ans d’histoire te contemplent. Reconnaissable entre mille avec son imposant arc de Trajan, cette cité est immense (plus de 90 hectares et plus de 150 000 habitants, énorme pour l’époque). Ce n’est d’ailleurs qu’en arrivant sur place qu’on réalise l’étendue de la ville et son incroyable état de conservation. On pourrait presque penser que les habitants viennent tout juste de quitter les lieux …
La visite est un véritable voyage dans le temps. J’ai adoré. Je regrette par contre le manque d’informations sur le site. Aucune plaque sur les édifices, aucune indication.
Heureusement, les Romains aiment l’ordre. Et la géométrie. Ils bâtissent leurs villes en traçant des rues rectilignes et perpendiculaires, dont les principales ‘’cardo et decamanus’’ répartissent la cité en quatre quartiers. – Ces artères sont impressionnantes. Larges de 5 mètres et dallées de calcaire blanc usées par le passage de chariots. On peut y voir encore aujourd’hui les sillons qu’ils ont tracés ! Elles sont aussi flanquées de trottoirs qui sont le revêtement d’égouts collecteurs. Ces romains ne cesseront pas de m’impressionner ! – Ainsi, il a été plus facile de me retrouver dans cette forme de damier divisé en croix.
Il faut compter au minimum une demi-journée pour découvrir les trésors historiques de Timgad : Une vaste citadelle byzantine, un arc haut de plusieurs mètres. Mais aussi un théâtre avec un système acoustique révolutionnaire et le célèbre quartier de Sertius sont parmi les nombreux édifices qu’abrite cette cité.
Le forum
Place publique, le forum est le cœur politique et social de la cité. C’est le centre urbain vital, à la fois un lieu de rencontre et de négociations. Il comprend un tribunal, une Curie pour le sénat local, un temple du culte impérial, des boutiques.
Une inscription a été déchiffrée sur le Forum : » venari, lavari, ludere, ridere, hoc est vivere « ne dit-elle pas : » chasser, prendre des bains, jouer, rire : ça c’est la vie ! ». Le bonheur à la romaine.
Le théâtre
Timgad offre à ses habitants les distractions de son théâtre. La ville certes, ne possède pas de grand amphithéâtre. Tu sais, celui où l’on donne des combats de fauves et de gladiateurs. Timgad n’a qu’un théâtre. Construit » à la grecque » au IIe siècle en appui sur une petite colline au sud du forum. Les gradins en demi-cercle, séparés par trois paliers pouvaient accueillir jusqu’à 4000 spectateurs. Son système acoustique de qualité marque encore le génie de cette époque. J’ai essayé et j’ai été bluffée. Un système révolutionnaire très ingénieux pour neutraliser les échos et assurer une acoustique parfaite.
Les temples
À proximité du théâtre, se dresse le temple de Cérès. Timgad possède aussi d’autres temples. Notamment les ruines du temple de Génie de la colonie situées face au marché de Sertius. Les autres temples sont répartis dans la ville, voués à Cérès ou à Mercure.
Le Capitole
Il s’agit d’un temple monumental et l’édifice le plus important de la cité malgré sa position excentrée du forum. L’imposante place du Capitole constituait un « second forum » dans la ville. Et ne semblait pas avoir de fonction religieuse.
L’arc de Trajan
À la fin du IIe siècle, la porte à l’entrée ouest du ‘’decumanus maximus’’ fut remplacée par un arc à trois baies haut de douze mètres. Il a donc été appelé abusivement « arc de Trajan ». -Tu sais c’était l’empereur romain vers l’an 100 et accessoirement le fondateur de la cité Timgad. – Monument le mieux conservé de la ville romaine, on est subjugué devant autant de beauté. Cette porte monumentale te laisse sans voix !
Le marché de Sertius & sa maison
Plotius Faustus Sertius (Si j’avais vécu à cette époque, tu m’aurais appelé Sissius) était un riche personnage issu d’une famille de chevalier romain, fils de vétéran, il fut flamine de la cité Timgad. Sa richesse provenait principalement des terres qu’il possédait et de la location de boutiques dont il disposait au sein de son marché.
C’est à l’ouest de la ville originelle que se trouve le marché de Sertius. Il se compose d’une vaste place dallée entourée de colonnes encore debout et bordée de portiques. On peut voir encore ces aménagements dédiés aux échoppes (tabernae en romain).
Rectangulaire, la luxueuse maison de Sertius occupe une surface de plus de 2 000 m2. Plutôt grand, n’est ce pas ? D’ailleurs, sa maison figure parmi les plus luxueuses de Timgad. Comme Sertius voyait grand, très grand, il y a même aménagé des thermes privés avec un accès à la fois depuis sa maison et de l’extérieur. Sertius pouvait donc les ouvrir à des personnes étrangères à sa maison. En plus, ce n’est pas n’importe quel therme ! Ces thermes possédaient un ‘’frigidarium’’ de 35 m2 (je te laisse deviner ce que c’est) et un ensemble balnéaire d’environ 150 m2 comptant quatre salles chauffées. Je te l’ai dit, Sertius voyait grand !
Les thermes
Incontournables des villes romaines, les thermes sont plus qu’un loisir, c’est une culture et une commodité nécessaire et essentielle. C’est à la fois un lieu de détente et de distraction. Un lieu de rencontre et de partage. Timgad en compte quatorze (bains publics). Leurs installations ont bénéficié d’une alimentation en eau propre et d’une évacuation efficace des eaux usées (oui oui, y’a 2000 ans ils étaient mieux que nous aujourd’hui !).
Ils ne cesseront pas de me surprendre ces génies de romains …Ne manque pas de découvrir les » grands thermes du sud », connus pour être parmi les mieux aménagés.
La bibliothèque
Avoue-on le ! C’est tout de même inhabituel de découvrir des ruines vieilles de 2000 ans identifiées comme une bibliothèque. C’est grâce aux multiples fouilles menées sur le site de Timgad qui ont révélé une inscription latine. La découverte de cette inscription en 1906 a permis d’identifier ce bâtiment. L’unique bibliothèque d’Afrique à l’époque et avec plus de 20 000 ouvrages. C’est tout de même incroyable !
Située au cœur de la ville, c’est un nommé Rogatianus sénateur, qui en fait don à la ville pour que les lettrés de Timgad puissent assouvir leur soif de connaissance.
Timgad : Un patrimoine mondial en péril !
En 1962, année de l’indépendance de l’Algérie, les recherches archéologiques sur le site de Timgad subissent un arrêt brutal. Ainsi, seul un cinquième des vestiges romains de cette forteresse militaire antique a été déterré à ce jour. Il semblerait que le site souffre de l’indifférence de la nouvelle génération d’archéologues algériens, plus intéressés par la découverte de sites antiques vierges que par la poursuite des fouilles sur d’anciens sites déjà répertoriés.
La cité de Timgad est aujourd’hui un site archéologique en perdition. Bien qu’ils aient été classés par l’Unesco au patrimoine mondial de l’humanité, ces vestiges romains se trouvent dans un état de conservation inquiétant. Le manque d’opérations de préservation, l’organisation d’un festival culturel annuel à l’intérieur même du site, la mauvaise gestion des déchets, le manque d’entretien, la négligence des autorités, … sont tout un tas d’éléments qui exercent des pressions sur la conservation du site. Alors que les phénomènes naturels (tremblements de terre, intempéries…) n’ont jamais eu d’impact sur le site.
Les initiatives à prendre
Heureusement, le Ministère de la culture a transféré les activités du Festival annuel de Timgad à l’extérieur de la ville en ruine. Cette décision permettra de limiter les impacts négatifs, de l’activité humaine, sur ce bien inestimable.
D’autres initiatives pourraient être menées. Il faudrait qu’il y ait une prise de conscience pour changer les comportements. Éduquer, sensibiliser, et s’il le faut, verbaliser les habitants à l’importance de la conservation de notre patrimoine. Bousculer les institutions publiques et les organisations culturelles afin de les inciter à lancer des compagnes de communication pour responsabiliser le plus grand nombre. Si tout un chacun mettait du sien, ces joyaux du monde se verront vivre pour encore de nombreux siècles. Au moins !
Visiter Timgad, INFORMATIONS (TRES) PRATIQUES
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Pour te rendre à Timgad, 4 solutions :
- Depuis la France ou depuis la capitale, Alger, envole-toi pour Batna. C’est la ville la plus proche de Timgad (37 km à l’Est de Batna). Il te faut ensuite louer un véhicule pour aller à Timgad (clique ici pour trouver ton véhicule)
- Si tu es véhiculé.e, il y a un peu plus de 400 km à parcourir depuis Alger, capitale de l’Algérie.
- Prends le train Alger-Batna (7h) pour moins de 5€. Ce train est quotidien. Les horaires, c’est ici !
- Tu peux aussi prendre le bus Alger – Batna (chaque heure). Il te coutera un peu plus de 5€ et le trajet dure au moins 6h. Puis faire Batna-Timgad en voiture.
Horaires : Ouvert tous les jours de 9h à 18h, y compris les jours fériés. Le musée qu’il abrite ferme ses portes dès 16h et est fermé les jours fériés et le weekend (vendredi et samedi en Algérie !). Les algériens sont des rebelles. Maintenant tu sais mieux pourquoi je suis rebelle.
Tarif : 100 dinars (soit moins de 0,50€)
Aux amoureux de la pierre, de l’histoire du passé et aux autres aussi, Timgad vous surprendra par son immensité. Longtemps tombée dans l’oubli, cette cité impressionne par sa démesurée grandeur et son étonnante conservation. La Pompéi d’Afrique te laissera assurément sans voix.
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