Située à une centaine de kilomètres de Timgad (où je t’en parle ici), Constantine, « la ville des ponts suspendus », est l’une des plus vieilles villes du monde. Il était impensable pour moi de passer par ce nid d’aigles perché à plus de 600 mètres des gorges profondes du Rhummel, la ville de mon papa en plus, sans m’y arrêter, ne serait-ce que le temps d’une journée !
Constantine, qui doit son nom à l’empereur romain Constantin, fait penser à un étonnant nid d’aigles. Accrochée à deux pitons rocheux, cette ville à la topographie très accidentée, est littéralement coupée en deux par un vide abyssal et reliée par de multiples ponts…
Constantine, l’antique Cirta capitale du royaume de Numidie, semble défier les vertiges, aussi bien historiques que géologiques. La légende raconte que l’empereur Constantin disait de cette ville que c’est le « seul endroit au monde où l’homme est plus haut que l’aigle ».
Table des matières
Constantine, à l’origine…
Autrefois, Constantine était une importante ville phénicienne appelée Cirta. Elle devient, durant plusieurs siècles, Capitale de la Numidie lors du long règne de Massinissa. Par la suite, elle passe sous domination romaine. Située dans une zone agricole prospère et diversifiée, Constantine devient alors le grenier de l’Empire romain. Et ce n’est que quelques années plus tard, que l’empereur Constantin Ier reconstruit la ville. Constantine passe ensuite sous administration arabo-musulmane vers l’an 700, et voit sa population se convertir progressivement à l’islam. De multiples guerres ont éclaté entre arabes et berbères. Puis entre berbères, jusqu’à l’arrivée des Ottomans vers 1520.
Constantine : Que faire ?
Ce n’est pas pour rien qu’on l’a surnommée « la ville des ponts suspendus » ! Impressionnants, imposants, vertigineux, tu débuteras forcément ta visite en empruntant l’un d’eux. Notamment, la vertigineuse traversée du boulevard de l’abîme qui offre une vue sublime sur la vallée d’El Hamma.
Ensuite, j’te conseille de flâner dans la casbah et ses échoppes, le temps de dénicher une broderie raffinée d’exception à offrir et de goûter aux nombreuses spécialités culinaires de la région. Le djarri, (équivalent de la chorba, en mieux) le tlitli (pâtes en formes de langues d’oies, du poulet, des pois chiches, des boulettes de viande et des œufs), les makrouts (gâteaux de semoule fourrés aux dattes trempés dans le miel), les mgergchats (beignets de farine aux graines de sésame avec du miel) ou encore la jawziya (nougat à base de noix et de miel) sont parmi les plus connus.
Contourner quelques ruelles pour digérer et découvrir la beauté et le raffinement du palais du Bey. Sauter dans le tram pour aller découvrir les principaux édifices religieux. Enfin, prendre de la hauteur au monument aux morts avant de finir par la visite du musée de Cirta.
Prends de bonnes chaussures et c’est parti mon kiki !
Se promener sur les vertigineux ponts de la ville
Tu l’auras deviné ! Avec une situation géographique aussi singulière qu’étrange, Constantine a nécessité la construction de nombreux ponts sur le Rhummel.
Guy de Maupassant y a décrit « Huit ponts jadis traversaient ce précipice. Six de ces ponts sont en ruines aujourd’hui. » Constantine est donc liée au reste du monde par des ponts, au nombre de 6 aujourd’hui. Et quels ponts !
Parmi les plus célèbres, l’impressionnant viaduc ‘’Sidi Rached’’. À un peu plus de 100 mètres du Rhummel, il est composé de 27 arches suivant une courbe de 450 mètres de long entre le centre-ville et le quartier de la gare.
Construit à l’époque romaine et restauré aux 18 et 19 siècles, le très vieux pont « Al Kantara » fut le plus haut pont en pierre dans le monde lors de sa construction. Avec un emplacement qui marque l’un des plus anciens accès à la ville, ce pont est connu pour être le lieu de presque toutes les tentatives d’invasions de Constantine.
En contrebas de la falaise, au contact des rugissements de la rivière, le très atypique pont des Chutes. À peine 150 mètres au-dessus de ce pont, se balance le plus beau, le plus célèbre, le plus photogénique et le plus majestueux de tous. L’impressionnant pont suspendu de ‘’Sidi M’Cid’’. Inauguré en 1912 et reliant le boulevard de l’Abîme à l’hôpital de Constantine et le Monument aux morts, ce pont offre une vue imprenable sur l’immense faille (les gorges et la vallée du Hamma) Un panorama absolument fantastique ! Étourdissant ! … Et même enivrant.
La traversée vertigineuse du boulevard de l’Abîme
Imagine une rue donnant, à ta droite sur l’ancienne Cirta et, à ta gauche, sur un gouffre de 100 mètres de profondeur qui s’ouvre sur l’horizon. Au-delà des plaines et du canyon qu’il surplombe ! Ce boulevard de l’Abîme jouxte le vide vertigineux en remontant la place de la « Brèche », le pouls de la cité – d’où les troupes françaises ont pu pénétrer en ville pour la première fois – pour aller au pont suspendu de Sidi M’Cid. Une succession de vertiges garantie !
Profites-en pour faire une pause gourmande, l’esplanade (la Place de la Brèche) est bordée de cafés et glaciers.
Flâner dans la Casbah de la ville
S’il est difficile de détourner le regard de ces majestueux ponts et de ces vertigineuses falaises, Constantine sait également offrir un tout autre visage …Sa Casbah ! La vieille ville à proprement parler est un ensemble de vieilles bâtisses aux toitures de tuiles rouges, encerclées par d’abruptes falaises. En raison d’une forte pression démographique, cette casbah souffre de dégradations urbaines. Pourtant, elle te surprendra.
Avec pas moins de 3 000 commerces, ce quartier populaire t’enchantera par la vitalité de ses marchés colorés. On y trouve une multitude d’échoppes où manger les célèbres plats traditionnels. On y trouve aussi des cafés, notamment ‘’le café Nedjma’’, lieu de rendez-vous des intellectuels de l’époque et surtout des indépendantistes algériens.
S’arrêter au Palais du Bey
Au détour des ruelles de la vieille ville, niché dans l’écrin du chaos urbain, on débouche sur le grandiose palais du dernier Bey de Constantine (Ahmed Bey). Joyau du XVIIIe siècle de l’art arabo-musulman, cette merveille a reçu des hôtes de prestiges : Guy de Maupassant, Horace Vernet, … Jardins luxuriants et fontaines de marbres. Décors de style mauresque baroque où se mêlent influences de style européen et oriental, l’édifice respire l’histoire et le raffinement.
Découvrir les principaux édifices religieux
Après une balade dans la vieille ville, tu peux prendre le nouveau tramway pour contempler les mosquées qui comptent parmi les plus belles de toute l’Algérie. La plus célèbre de toutes est la ’’grande mosquée’’. Edifiée au XIIIe siècle, elle est le plus ancien édifice religieux de Constantine.
Si le temps te le permet, ne manques pas de visiter aussi la Mosquée Emir Abdelkader. Un chef d’œuvre architectural de l’art arabo-andalou. Siège de l’université des Sciences islamiques, cette mosquée, édifiée dans les années 1970 est l’une des plus grandes d’Afrique.
Prendre de la hauteur au Monument aux morts
Édifié en hommage aux soldats morts durant la première guerre mondiale, le Monument aux Morts est un Arc de Triomphe situé en haut d’une falaise de la rive droite (sur le rocher de Sidi M’Cid) offrant un panorama époustouflant sur Constantine. À voir de ses yeux !
Visiter le musée de Cirta
Ce musée qui date de 1931 présente trois sections principales dédiées à l’ethnographie, l’archéologie et aux beaux-arts. Dans les collections archéologiques, tu pourras voir des vestiges de diverses civilisations qui ont existé dans la région. Entre autre, carthaginois, numide, romain, gréco-égyptien, chrétien et bien sûr musulman. Dans la section beaux-arts, les œuvres de grands artistes t’accueilleront.
Partir à la découverte de l’artisanat local
Constantine a conservé nombre de ses activités artisanales, dont les plus importantes sont la broderie en fil d’or sur velours, la dinanderie, la chaudronnerie, la sculpture sur bois ou la poterie. Si tu veux faire des emplettes, passes par la rue de France. Une multitude d’échoppes pour satisfaire tous les goûts et tous les budgets.
Mais pas que …
Autre particularité de Constantine : sa musique. On la jouait autrefois dans les fondouks (marchés). Surtout connue à travers le malouf (qui signifie fidèle à la tradition), cette musique que j’aime tant est d’origine arabo-andalouse. Si le temps te le permet, pousse les portes du théâtre, non seulement il est beau, mais en plus, ce sera surtout une bonne occasion de découvrir le malouf.
Curiosités
Une arche naturelle d’une soixantaine de mètres de hauteur relie les deux rochers et forme un pont naturel creusé dans la roche. Quelques mètres au-dessus des chutes du Rhummel ‘’Sidi M’Cid’’ (que l’on voit de très près du pont du même nom), on peut voir les célèbres grottes de l’ours et du mouflon où l’on trouve les vestiges des premiers habitants de Constantine. Les premières traces remontent à plus 30 000 ans !!!
Les piscines formées de Sidi M’Cid sont alimentées par une source naturelle du Rhummel. Là où il y avait aussi les thermes de l’empereur César avec une eau à 33° tout au long de l’année (même par temps de neige) !
Informations (très) pratiques :
Pour te rendre à Constantine, 4 possibilités :
- Depuis la France ou depuis la capitale, Alger, envole-toi pour Constantine. La ville dispose d’un aéroport international avec plusieurs vols quotidiens depuis Marseille et plusieurs vols hebdomadaires depuis l’Europe : Paris, Lyon, Bâle, Genève…Pour trouver le meilleur prix, compare sur Skyscanner !
- Si tu es véhiculé.e, il y a un peu moins de 400 km à parcourir depuis Alger.
- Prends le train Alger-Constantine (6h) pour moins de 5€. Ce train est quotidien. Les horaires, c’est ici !
- Tu peux aussi prendre le bus Alger – Constantine (chaque heure). Il te coûtera un peu plus de 5€ et le trajet dure au moins 6h. Clique ici pour t’informer !
Budget hébergement : Hôtel moyen 30€ pour deux personnes.
Restauration : Sur le pouce pour moins de 3€ / Repas complet au restaurant entre 5 et 10€.
Se déplacer en ville ? Tramway et Taxi, au choix.
Climat : Constantine bénéficie d’un climat de type continental caractérisé par des hivers froids et secs et des étés très chauds. Visiter Constantine au printemps ou en automne, c’est mieux !
Ah, l’antique Cirta ! La ville des ponts suspendus ! Accrochée à un piton rocheux que serpente la rivière Rhummel, Constantine est une ville magique. Il faut l’avoir visitée au moins une fois dans sa vie …
Merci pour cette balade très instructive. Une plume dans la justesse tout en légèreté! Vraiment Bravo! J’ai appris plein de choses! La ville est magnifique! Le palais du Bey, le musée, le centre historique et tout le reste. Constantine fait partie des villes que je dois visiter ou revisiter… as soon as possible 🙃🙃🙃
L’architecture est éclectique du fait d’une topographie unique et de la succession des époques et styles architecturaux qui ont fortement marqué la ville. Vraiment cool tes tips! Des horaires de train au types de restauration! J’aime bcp le format des articles! Good job! Bonne continuation 💪🏻💪🏻
Bonjour Mounia,
Très touchée par ton message, tu m’encourages à continuer …j’espère être à la hauteur.
Mille mercis 🙂